Toujours est-il qu'au tout premier rang de la liste, on retrouve la décision d'effectuer ses études de troisième cycle à la même université que sa maîtrise. Or, bien sûr, c'est ce que j'ai fait, et ce, sans la moindre hésitation.
Un pari risqué? Peut-être, mais ça en valait la peine. D'abord pour pouvoir travailler avec des gens que je connais et en qui j'ai pleine confiance. Ensuite, parce que le programme de doctorat à l'Université de Montréal me convenait mieux que ce qui était disponible ailleurs dans la région, et qu'un déménagement était hors de question. Troisièmement, parce que la raison principale pour laquelle on recommande aux étudiants des cycles supérieurs de changer de décor consiste à leur donner une expérience de vie et de travail différente, chose que j'ai déjà acquise en passant 15 ans dans le monde du jeu vidéo et 10 ans dans les médias avant d'entreprendre des études en histoire.
Ceci dit, si jamais un éventuel employeur devait me demander, l'air dubitatif, pourquoi j'ai fait ce choix hors-norme, je crois que je me défendrais aussi en mentionnant le cas du physicien américain Luis Walter Alvarez.
Alvarez avait tous les talents. On a dit de lui qu'il était le père du radar. C'est aussi lui qui a inventé les détonateurs de la bombe atomique au plutonium pendant le Projet Manhattan et qui était à bord du bombardier B-29 The Great Artist pour observer et mesurer l'effet de la bombe larguée sur Hiroshima. Comme si ça ne suffisait pas, ce sont ses travaux sur les particules élémentaires qui lui ont valu le prix Nobel de physique de 1968. Et avec trois collègues, dont son fils, il a publié le premier article scientifique proposant l'hypothèse d'un impact météorique pour expliquer la grande extinction de la fin du Crétacé qui a provoqué la disparition des dinosaures; une hypothèse aujourd'hui à peu près universellement acceptée. (Il était aussi, semble-t-il, membre du Parti républicain; personne n'est parfait.)
Or, Alvarez a fait toutes ses études à l'Université de Chicago. Bac, maîtrise et doctorat.
N'allez pas croire que je me compare à lui ou que j'ai l'ambition d'accomplir ne serait-ce qu'un millième de ce qu'il a fait dans sa vie. Mais si son exemple peut servir à démontrer qu'il n'est pas absolument nécessaire de changer d'université en milieu de parcours, ce sera déjà ça de gagné.