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Déjouer le jeu: ma stratégie de publication scientifique

10/27/2017

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Être doctorant en histoire, ça veut aussi parfois dire s'auto-enfirouaper dans des réflexions comme la suivante:
  • Il faut  publier le plus souvent possible , parce qu'un doctorant qui n'a pas assez publié ne sera pas compétitif quand viendra le temps de postuler pour un emploi universitaire ou même pour un post-doc.
  • Mais il ne faut pas publier trop non plus, parce que l'embauche (et à plus forte raison la permanence) dans un département d'histoire dépend de l'existence d'un projet de livre viable basé sur la thèse et que les maisons d'édition regardent de haut les projets dont une trop grande partie a déjà été "brûlée" dans des articles. Et ce, même si les ventes de livres universitaires se comptent en douzaines d'exemplaires dans le meilleur des cas. (Ne cherchez pas à comprendre.)
  • Il faut surtout publier dans les bonnes revues savantes, sinon ça ne compte pas. Ça, tout le monde le sait.
  • Mais personne n'est jamais en mesure de dire quelles revues devraient compter et pourquoi.
  • Les revues bien établies qui peuvent se vanter d'un facteur d'impact ou d'un h-index élevé sont prestigieuses mais elles sont souvent associées à des éditeurs à but lucratif dont les pratiques commerciales consistent à piller les budgets des bibliothèques. Difficile à cautionner.
  • L'éthique nous encourage plutôt à viser les revues en libre accès pour faciliter la diffusion du savoir et empêcher ce genre de prédation, mais celles-ci sont souvent très récentes. Or, qui dit "récent" dit aussi "sans réputation établie dans le milieu" et probablement "moindre poids dans un dossier de candidature". Tellement que je vois maintenant passer des billets d'opinion qui suggèrent aux chercheurs de ne publier dans des jeunes revues en libre accès qu'une fois la permanence atteinte, soit six ans après l'obtention d'un poste universitaire. 
  • Publier dans une revue au sommet de la hiérarchie du prestige (quelle que soit la manière dont on mesure ce prestige) peut être très utile à une candidature, mais si la revue prend un an et demi avant d'accepter un texte et deux ans de plus avant de l'imprimer, le candidat qui vise une entrée rapide sur le marché de l'emploi ne sera pas plus avancé.
  • Il faut donc, pour avoir une petite chance, soumettre des articles bien avant d'avoir fini la thèse -- et, par le fait même, la recherche sur laquelle ces articles devraient théoriquement être basés.
  • De plus, ladite thèse ne s'écrit pas toute seule pendant que l'on prépare des articles et des présentations de colloques. Or, pour avoir un dossier compétitif, il faut faire tout cela et encore plus. Résultat: la durée du doctorat allonge, allonge...
  • ... Pendant que la durée du financement de la recherche disponible pour les doctorants, elle, n'a pas bougé depuis des décennies, et que les départements aimeraient bien qu'on finisse et qu'on décampe au plus vite.

J'étais conscient de tout cela avant de commencer mon doctorat. C'est pourquoi j'ai adopté une stratégie qui visait à contourner la plupart de ces embûches. En voici les grandes lignes: 
  • Diviser la thèse en études de cas indépendantes.
  • Commencer par deux cas relativement faciles à convertir en articles.
  • Mettre ces deux articles sur le marché le plus vite possible, au moins un an avant de déposer la thèse.
  • Finir la thèse pendant que les articles en question font la tournée des éditeurs.
  • Publier autant de textes semi-indépendantes de la thèse que possible, lorsque les occasions s'y prêtent.

Jusqu'ici, les résultats sont bons. Une de mes études de cas paraîtra en décembre. La seconde a de bonnes chances de se retrouver dans un numéro spécial d'une revue européenne à l'automne 2018, au moment où j'entrerai sur le marché de l'emploi. J'ai converti l'une de mes listes de lectures doctorales en un bilan historiographique qui se retrouvera dans le prochain numéro de la Revue d'histoire de l'Amérique française. Un texte bâti autour d'une de mes premières présentations dans un colloque est parue ce matin dans notre revue départementale. Et j'ai quelques autres charbons ardents sur le feu, qui occuperont les pauses dans la rédaction de ma thèse d'ici le printemps prochain.

(En fait, par pure coïncidence et grâce à la résurrection d'un texte mort-vivant qui traînait dans les limbes depuis 2014, quatre de mes articles devraient paraître dans la seconde moitié de 2017.)

Est-ce que cela suffira? Pas s'il n'y a aucun poste qui s'ouvre dans l'une ou l'autre des sous-disciplines dans lesquelles je peux raisonnablement prétendre m'insérer. Ce qui est bien possible. Les universités québécoises sont bien pourvues en atlanticistes. Les postes en histoire de l'Europe moderne ne sont pas nombreux. Le numérique ne fait pas l'unanimité dans les départements, c'est le moins que l'on puisse dire. Et même dans une bonne année, le nombre de postes d'historiens universitaires créé au Québec, toutes catégories confondues, dépasse rarement trois ou quatre. (Jusqu'ici, 2017-2018 n'est pas une bonne année.)

Bref, les chances sont minces. Mais personne ne pourra dire que je n'ai pas fait tout ce que je pouvais.
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Un nouvel article et une nouvelle recension

10/27/2017

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Le nouveau numéro des Cahiers d'histoire, la revue scientifique du Département d'histoire de l'Université de Montréal, contient mon article "Les tournants géographiques, le numérique et la pratique historienne" ainsi que ma recension de Français? La nation en débats entre colonies et métropole, XVIe-XIXe siècle, dirigé par Cécile Vidal. 

​Bonne lecture!
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Quatre jours

10/13/2017

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J'ai perdu la trace du meilleur conseil que j'ai reçu de toute ma vie. Je crois qu'il provenait d'un livre de Steve McConnell, Software Project Survival Guide, que j'ai lu il y a près de vingt ans, mais la plupart de mes notes de lecture de l'époque pré-Evernote ont disparu dans l'un ou l'autre de mes trop nombreux déménagements alors je n'en suis pas certain. Quelle qu'en soit l'origine, le conseil est resté:

Un projet se planifie sur une base de quatre jours par semaine.

Pas cinq. Surtout pas six. Quatre.

J'ai suivi ce modèle, qui a été conçu pour des projets de développement logiciel, dans à peu près toutes mes activités professionnelles depuis la fin des années 1990: édition de livres, rédaction de chroniques, production et scénarisation de jeux vidéo, écriture pour la scène, mémoires de maîtrises, thèse de doctorat. Je ne l'ai jamais regretté.

Pourquoi? Parce que tout va toujours de travers. Parce qu'on ne peut jamais tout prévoir pendant une phase de planification. Et donc, parce que le rôle de la cinquième journée d'une semaine de travail -- et, en cas d'extrême urgence, celui de la sixième et de la septième -- consiste à parer aux impondérables: ordinateur qui flanche, sinusite qui s'incruste, code plus difficile à déboguer que prévu, site Web d'agence gouvernementale qui plante à la date-limite des demandes de bourses, ou simple "journée de cerveau défaillant" au cours de laquelle rien ne fonctionne.

En cas de problème (et il y a toujours des problèmes), un horaire trop serré entraîne de multiples effets pervers. Du stress, bien sûr. Des heures supplémentaires au cours desquelles la fatigue réduit la productivité et augmente le risque d'erreur. Des débordements sur les semaines suivantes, causés par ces erreurs. Peut-être même, à la longue, des problèmes de santé physique ou mentale. La planification sur quatre jours permet au contraire d'endiguer les conséquences négatives de ces imprévus en réservant une marge de manoeuvre qui correspond à 20% de tout le temps de travail disponible et à 25% de celui qui a déjà été alloué. Rares sont les cas où un projet divisé en petites tâches dont la durée est relativement facile à évaluer débordera davantage.

(Et si tout va bien pendant une semaine donnée, le cinquième jour servira à prendre un peu d'avance ou à réaliser un petit projet qui traîne dans les cartons depuis trop longtemps, comme ce billet de blogue!)

La règle est particulièrement utile dans les cas où il faut livrer un projet à une date fixe. Récemment, deux de mes articles ont été acceptés par des revues scientifiques et les versions finales devaient être livrées au cours de la même semaine. J'ai estimé la durée des travaux de révision nécessaires et calculé qu'il me faudrait un total de 10 demi-journées de travail. (J'expliquerai pourquoi je pense en termes de demi-journées dans un autre billet.) J'ai réparti les 10 demi-journées sur deux semaines et demie, complété la troisième semaine avec des petites tâches de recherche sans date de livraison fixe, et réservé le temps nécessaire. Dans ce cas-ci, les risques d'une mauvaise évaluation du temps requis étaient faibles puisque les tâches à accomplir étaient bien définies, mais j'ai tout de même dû composer avec un ouvrage de référence plus difficile à obtenir que prévu, avec un logiciel imparfaitement compatible avec le modèle de document exigé par l'un des éditeurs, et surtout avec deux journées de migraines intenses. Grâce à une bonne planification basée sur quatre jours de production par semaine, j'ai quand même pu livrer les deux articles à l'avance. Mon expérience dans d'autres domaines d'activité m'incite à croire que les rédacteurs en chef l'ont remarqué, ce qui pourrait m'être utile à l'avenir.

Bien sûr, le modèle des quatre jours ne fonctionne pas dans toutes les circonstances. D'abord, il faut que l'activité à organiser soit un projet plutôt qu'un processus continu. Et surtout, il faut avoir la possibilité de dire "non" lorsqu'un projet supplémentaire ne cadre pas dans le modèle, ce qui n'est pas donné à tout le monde. À ma première année au doctorat, avant d'obtenir la bourse de recherche qui me nourrit depuis l'été 2015, j'étudiais à temps complet tout en travaillant aussi à temps (presque) complet comme journaliste pigiste. Vous imaginez bien que mon horaire ne comptait pas beaucoup de marge de manoeuvre et que la période de huit mois en question n'a pas été particulièrement agréable. 

Mais dès que possible, je reviens aux quatre jours. Ne serait-ce que, lorsque l'on sait que les fins de semaine ont de bonnes chances d'être libres, les journées de semaine ont tendance à être plus efficaces!

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Deux articles acceptés pour publication

10/1/2017

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J'ai récemment reçu deux réponses positives de la part de revues scientifiques:

Mon article "Quelques leçons que les atlanticistes ont apprises de l'Atlantique français" sera publié dans la Revue d'histoire de l'Amérique française. Il apparaîtra dans un numéro spécial dirigé par Jean-Pierre Le Glaunec, de l'Université de Sherbrooke, et portant sur l'esclavage. À surveiller en 2018.

"La production de l’espace dans l’Encyclopédie: portraits d’une géographie imaginée" a été accepté par la revue Document numérique, une publication centrée sur les sciences de l'information. Version remaniée et augmentée d'une communication prononcée lors du congrès de l'ACFAS en mai dernier, l'article apparaîtra dans un numéro spécial dirigé par Lyne Da Sylva et Pascal Cuxac, avec d'autres essais basés sur des communications proposées lors du même colloque. Si tout se passe comme prévu, le numéro paraîtra en décembre 2017.
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    François Dominic Laramée, historien numérique et chroniqueur techno-culturel.

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